Derrière son allure légèrement provocatrice, ce tableau est une véritable prise de position. Cette peinture représente une religieuse chrétienne et une femme musulmane jouant au jeu « Qui suis-je » avec des post-it qui leur ont été attribués par la société.
La Soeur d’église, vêtue de son habit religieux, arbore un post-it sur son front avec l’inscription : « Sœur d’église ». À côté d’elle, la musulmane a un post-it où est inscrit : « Islamo-gauchiste radicalisée ». Cette scène met en lumière les préjugés et les stigmates qui pèsent sur certaines communautés religieuses, qui voient leur nature être définie par des termes chargés de connotations négatives.
Cette peinture est une réflexion profonde sur la manière dont la société française perçoit et traite le port du voile. Plusieurs débats sur le port du voile, l’abaya ou encore le burkini ont eu lieu, tous prétendant défendre les valeurs de la France. Peut-être s’agit-il plutôt d’une interprétation de la laïcité qui, en réalité, profite plus à certains qu’à d’autres.
Pourquoi le voile d’une religieuse chrétienne inspire-t-il généralement le respect, tandis que celui d’une femme musulmane suscite souvent le débat et la polémique ? La réponse réside dans les nuances complexes de l’identité culturelle et religieuse, ainsi que dans les dynamiques de pouvoir et de privilège. Alors que le voile de la religieuse est souvent perçu comme un symbole de dévotion et de respect envers sa foi, celui de la femme musulmane est souvent sujet à des jugements hâtifs et à des préjugés islamophobes, alimentés par des discours politiques et médiatiques toxiques.
En réalité, la différence entre les deux voiles réside moins dans leur nature intrinsèque que dans les perceptions sociales et les normes culturelles qui les entourent. La religieuse et la femme musulmane portent toutes deux un symbole de leur foi, mais c’est la manière dont ces symboles sont interprétés et valorisés dans la société qui dicte la façon dont ils sont traités.
« Qui suis-je? » invite les spectateurs à remettre en question leurs propres préjugés et à examiner de près les étiquettes que la société leur impose, rappelant que derrière chaque personne se cache une complexité d’identité qui ne peut être réduite à de simples mots ou à des stéréotypes préconçus.
Ce tableau a été exposé lors de l’exposition « En Mars cultivons l’égalité » – Mars 2024
Acrylique sur toile